ONAS m'a tuer
ONAS m'a tuer
**
* ONAS: office national d'assainissement, organisme qui s'occupe des eaux usées en Tunisie.
* la faute d'orthographe sur tuer est pour rappeler l'affaire Omar Haddad, avec la célèbre phrase: Omar m'a tuer. Ah !! si Maître Jacques Vergès prenait la défense de la mer d’E-Zahra.
**
Depuis une vingtaine d’année, le littoral de la banlieue sud (Radès, Ez-Zahra, Boukornine, Hammam Lif) ne cesse de se dégrader. En pleine saison estivale, l’eau est fortement trouble, des matières en suspension l’opacifient. Parmi les riverains, ceux qui ont vendu leurs maisons, quitté Ez-Zahra (la plus touchée), pour acquérir des pavillons balnéaires ailleurs. D’autres, plus récalcitrants, attachés à leur banlieue, tentent de profiter de la mer les jours où elle pue le moins. Cette matière en suspension, finit par se déposer au fond, d’où une couche vaseuse asphyxiant le benthos : plus de mollusques ni de vers, la chaîne trophique est gravement altérée d’où une mer qui cesse d’être poissonneuse.
A l’embouchure de l’oued Méliane, périodiquement, une eau « clairement » noire se déverse dans la mer. Cette souillure finit, suivant la direction des courants, par envahir le littoral, soit du côté de Radès ou du côté d’Ez-Zahra.
La mer d’Ez-Zahra a perdu sa limpidité d’antan, je me rappelle que dans les années soixante et soixante dix, on repérait une étoile de mer à un mètre d’eau, on nageait à l’époque les yeux ouverts sans aucun risque. Notre mer est mourante, la qualité de l’eau a même découragé les autorités à nettoyer la plage. Nombreux sont les jeunes natifs d’Ez-Zahra qui n’ont jamais connu le plaisir de se baigner dans leur mer.
En été, bien que nous habitions au bord de la mer, nous sommes obligés de faire des kilomètres pour faire profiter de la mer à nos enfants.
L’origine de cette pollution, bien que moi-même biologiste, c’est aux autorités compétentes qu’incombe la responsabilité de déterminer. Notre mer est souffrante et alitée, mais reste généreuse et non rancunière et peut retrouver petit à petit toute sa clarté et sa vigueur le jour où on arrêtera de l’empoisonner, pourvu qu’on tardera pas à venir à son chevet.
***