Le Temps Culturel samedi 15 décembre 2007

La mémoire multiculturelle: Italie-Suisse-Tunisie

À la manière de Paul Klee...

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Il est des parcours de vie, étonnants et fantasques, qui vous mènent, alors que vous vous y attendiez le moins, là même où vous pensiez que vos pas ne vous conduiraient jamais, quelque part du côté de cet inconnu qui vous hante, de cet appel pressant venu d'on ne sait où, pour dessiller vos yeux qui auront désappris à voir, à mesurer, sur une autre vérité. Fondamentale.

La vérité qui se niche, lovée au creux de votre être le plus profond, et qu'un matin de clarté, sur une route empruntée au gré d'un voyage, initiatique, vous révèle d'un coup, vous sommant de changer quelque chose dans votre vie.

Parce qu'il y a des virages, plus féconds que d'autres, qui inscrivent leur trace, sur l'œuvre à venir, comme sur un palimpseste, ancrant en profondeur le désir d'en découdre avec l'ineffable, l'insaisissable, le visible que l'on traque au creux de l'apparent même, pour mieux s'y dissoudre, lui restituant au passage, quelque chose de plus vivant, de plus tenace, comme une éternité enfin retrouvée, qui serait à Klee ce qu'elle était à " L'homme aux semelles de vent ". Mais le peintre est poète aussi avec ses chevaux de lumière.

Et, ne voilà-t-il pas que " Le jeu devient Je ", selon les propres termes de Kamel Bel Hadj Hammouda, chef de département " Image " à l'Ecole Supérieure des Sciences et Technologies du Design, invité à représenter la Tunisie, d'abord au mois de mars, à travers une contribution écrite, faute de pouvoir se déplacer, ensuite au mois d'octobre dernier, dans le cadre de la manifestation : " La mémoire culturelle ", qui s'est tenue à Gênes (Italie), autour de l'œuvre de Paul Klee. Comme un hommage...

Cela, grâce à l'initiative du consul général de Suisse à Gênes, -Giancarlo Fenini- et du très dynamique Mondher Marzouk, consul de Tunisie à Gênes également, qui n'a de cesse d'œuvrer pour que la multiculturalité ne soit pas un vain mot, mais une réalité tangible entre des pays : en l'occurrence ici, l'Italie, et la Tunisie, mais aussi la Suisse (qui accueillera la manifestation au mois de mars 2008), un intérêt pour le beau, l'ineffable, qui prend ici les traits d'un peintre à la palette " écrasée " de lumière, dont le patrimoine artistique parle immanquablement à tous les peuples, transcendant toutes les barrières linguistiques et identitaires.

Kamel Bel Hadj Hammouda dira en substance dans son intervention : " Quelque chose de Klee me rappelle un chemin indiqué par un soufi arabe " Niffari " qui écrivait : " Si tu n'arrives pas à capter l'indicible, dissous toi dans le dicible ". Klee n'a fait que traduire cette formule magique en peinture : " Si tu n'arrives pas à capter l'invisible, dissous toi dans le visible ". (Car) le voyage de Klee en Tunisie n'est pas géographique ; il est intérieur, vécu par le corps, comme si le corps et l'âme se fusionnent pour accéder au lieu. (Également) Paul Klee signe avec la peinture en Tunisie un contrat d'ouverture de la peinture à des dimensions tactiles et sonores... ".

En ce sens, il ne serait pas du tout déplacé, loin s'en faut..., que la manifestation soit accueillie, après Berne, par la ville qui a le plus " parlé " à l'intériorité du peintre : la ville de Kairouan.

Parce que " le rêve, oui, peut être voyage... ".

Samia Harrar

À la manière de Paul Klee...

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