Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ez-Zahra
14 septembre 2007

Paul KLEE

Paul KLEE

Klee

Paul KLEE, 1922

kleeee  kllll

Enfance et premières œuvres 1879–1920

La gouvernante, 1924

« Un jour, je me trouvais brusquement au bord de l’Aar ; comme si j’avais perdu l’esprit, je plongeais en complète introspection. Quelle révélation soudain, cette eau vert émeraude arrivant à flot et ces rives dorées par le soleil. J’avais l’impression de m’éveiller d’un rêve effrayant. Je n’avais plus observé le paysage depuis longtemps. Et maintenant, il se révélait à moi dans toute sa splendeur, bouleversant ! »
Berne, juin 1904 (TB 564) Paul Klee (traduction).

Vent de feu

Vent de feu,1923

Naissance de Paul Klee le 18 décembre 1879 à Münchenbuchsee près de Berne, deuxième enfant de Hans Klee (1849–1940) et Ida Klee (1855–1921), née Frick. Sa sœur Mathilde (1876–1953) est son aînée de trois ans. Son père est professeur de musique à l’école normale de Hofwil près de Berne, sa mère est chanteuse professionnelle.

1880 La famille déménage à Berne. La grand-mère de Paul Klee, Anna Catharina Rosina Frick, née Riedtmann, initie le petit garçon au dessin et au coloriage.

Enfants jouant à l'attaque

Enfants jouant à l'attaque, 1940

1886–1897 Paul Klee est écolier à Berne. Il poursuit sa scolarité (progymnase et école littéraire) dans les bâtiments du progymnase de la Waisenhausplatz. Il remplit ses cahiers et livres d’école de caricatures, recopie les images des magazines et calendriers et reproduit la nature. Pour Paul Klee, ses dernières années de scolarité sont une torture :  « Avant la seconde, j’aurais aimé quitter l’école mais mes parents m’en ont empêché. » Le journal de fin d’études qu’il rédige avec deux camarades, Die Wanze (la punaise), fait scandale. Durant sa scolarité, Paul Klee se décide à entreprendre une carrière artistique mais hésite longtemps entre la musique et la peinture.

Labyrinthe détruit

Labyrinthe détruit, 1939

1898 Paul Klee commence à rédiger un journal intime. Ses premières notes sont datées du 24 avril. Il achève en septembre l’école littéraire et réussit sa maturité. Un mois seulement après, il emménage dans un appartement de Munich et commence à étudier dans l’atelier particulier de Heinrich Knirr puis à l’Académie auprès de Franz von Stuck à partir de l’automne 1900.

Sans titre

sans titre, 1928

1899 Paul Klee rencontre la pianiste Lily Stumpf (1876–1946) au cours d’une soirée musicale.

1901 Paul Klee quitte la classe de von Stuck et part le 22 octobre pour un voyage d’étude de six mois en Italie avec le sculpteur bernois Hermann Haller. Il fait escale à Gênes et Livourne avant de louer une chambre à Rome. Devant le gigantesque patrimoine d’art classique qui se dévoile à lui, Paul Klee a des doutes et remet sa carrière d’artiste en question.

Masque de feu

Masque de feu, 1939

1902 Fiançailles avec Lily Stumpf. Les quatre années suivantes, il vit chez ses parents car ses revenus d’artiste ne lui permettent pas de subvenir seul à ses besoins. A cette époque, sa principale source de revenus sont ses engagements de violoniste à la  « Bernische Musikgesellschaft » . Ses années passées chez ses parents sont pour lui une période de recherche de soi-même et de maturité.

Mascarade

Mascarade, 1940

1905 Paul Klee part deux semaines à Paris avec ses amis bernois Hans Bloesch et Louis Moilliet.

En avril 1906, Paul Klee séjourne deux semaines à Berlin. Le 15 septembre, il épouse Lily Stumpf à Berne et le couple déménage deux semaines plus tard à Munich.

Exubérance

Exubérance, 1939

30 novembre 1907, naissance de Felix Paul, enfant unique de Paul et Lily Klee.

Au printemps 1909 Felix tombe gravement malade ; Paul Klee le soigne. Cette année là, la famille passe les vacances d’été à Berne et dans les environs, principalement près du lac de Thoune, comme toutes les années jusqu’en 1915. En novembre, Paul Klee décide d’illustrer le Candide de Voltaire. Cependant, il ne commencera les dessins qu’en 1911.

Couche des quatre

Couche des quatre, 1939

Juillet 1910, première exposition de 56 œuvres de Paul Klee. Partie du Musée des Beaux-Arts de Berne, elle est ensuite installée au Kunsthaus de Zurich, puis à la Galerie zum Hohen Haus de Winterthur et enfin à la Kunsthalle de Bâle.

Février 1911, Paul Klee commence à répertorier ses œuvres dans un catalogue rédigé à la main. Il ne cessera jusqu’à sa mort de tenir minutieusement le catalogue de sa production artistique. Au cours de l’automne, il rencontre Wassily Kandinsky par l’intermédiaire de Louis Moilliet et se rapproche du groupe « Der Blaue Reiter » (Le Cavalier bleu). Il écrit également des critiques d’expositions et de manifestations culturelles à Munich dans le mensuel Die Alpen (Les Alpes) dont le rédacteur est son ami d’enfance Hans Bloesch.

Le paysan du théâtre guignol

Le paysan du théatre guignol, 1939

1912 Paul Klee est invité par Franz Marc et Wassily Kandinsky à participer à la deuxième exposition du « Blaue Reiter » dans la librairie de Hans Goltz à Munich où il expose 17 œuvres. Il repart à Paris en avril et y rend visite aux peintres Robert Delaunay, Henri Le Fauconnier et Karl Hofer dans leur atelier.

Bâtard

Bâtard, 1939

Pâques 1914 Paul Klee part en Tunisie avec ses amis August Macke et Louis Moilliet. Les étapes de son voyage sont Marseille, Tunis, St. Germain, Hammamet et Kairouan. A son retour, il expose avec Marc Chagall à la galerie berlinoise de Herwarth Walden « Der Sturm ». En octobre, il présente les dernières aquarelles réalisées en Tunisie dans le cadre de la « Neuen Münchner Sezession » dont il est membre fondateur. L’attentat du 28 juin contre le dauphin du trône d’Autriche à Sarajewo déclenche la Première Guerre mondiale. Le 26 septembre 1914, August Macke tombe sur le champ de bataille en Champagne près de Perthe-les-Hurlus.

Masque: douleur

masque: douleur, 1938

1915 Rencontre à Munich de l’écrivain Rainer Maria Rilke. Paul Klee passe l’été à Berne ; en retournant à Munich, il va voir Kandinsky qui, de nationalité russe, a dû fuir l’Allemagne pour s’installer à Goldach, sur les rives du lac de Constance.

Haelften, le clown

Haelften, le clown, 1938

Le 4 mars 1916, l’ami de Paul Klee, Franz Marc, est tué à la bataille de Verdun. Paul Klee en est extrêmement affecté. Le 11 mars, c’est au tour de Paul Klee d’intégrer les rangs de l’armée allemande en tant que réserviste. Il se retrouve d’abord à la réserve des recrues à Landshut puis est muté le 20 juillet au 2e régiment d’infanterie de réserve à Munich avant de rejoindre en août la compagnie d’aviation de réservistes à Schleissheim. De cette base, il effectue des transports aériens jusqu’à Cologne, Bruxelles et Nordholz (Allemagne du nord).

Catastrophe du sphinx

catastrophe du Sphinx, 1937

Janvier 1917 Paul Klee est envoyé à la « Königlich bayerischen Fliegerschule V » de Gersthofen où il est secrétaire de l’administration comptable. Son exposition avec Georg Muche à la galerie « Der Sturm » de février est un véritable succès.

(Essai pour Antigone)

Essai pour Antigone, 1933

Décembre 1918 Paul Klee est définitivement suspendu du service de guerre jusqu’à sa démobilisation en février 1919. Il interrompt l’écriture de son journal et l’abandonne. Mais dans les années qui suivent, il le retravaille et le rédige de manière à faire de ce journal un ouvrage autobiographique.

Vue du rouge

vue du rouge, 1937

1919 Après sa démobilisation, Paul Klee loue un atelier dans le château de Suresnes à la Werneckstrasse, Munich. Durant la République Bavaroise des Conseils, il est membre du conseil des arts et de la Commission d’action des artistes révolutionnaires. A l’Académie de Stuttgart, Oskar Schlemmer et Willi Baumeister s’engagent en vain pour la nomination de Paul Klee. Le 1er octobre, Paul Klee signe un contrat de représentation générale avec Hans Goltz, propriétaire de la
« Galerie Neue Kunst – Hans Goltz » à Munich.

Dulcinea

Dulcinea, 1939

1920 Dans sa galerie, Hans Goltz organise de mai à juin la plus grande exposition Klee de l’époque, une rétrospective de 362 œuvres. Le 29 octobre, Paul Klee obtient une chaire au Bauhaus de Weimar par Walter Gropius. Dans le volume d’anthologie de Kasimir Edschmid Schöpferische Konfession, paraît pour la première fois un essai d’histoire de l’art complet sur Paul Klee. Leopold Zahn et Hans von Wedderkop publient les premières monographies sur Paul Klee.

Au Bauhaus 1921–1933

En mars 1921, la monographie de Wilhelm Hausenstein Kairuan oder eine Geschichte vom Maler Klee und von der Kunst dieses Zeitalters marque l’édition du livre le plus important consacré jusqu'à cette date à l'artiste Paul Klee. Le 13 mai, Paul Klee entre en fonction au Bauhaus et commence son activité universitaire avec un « atelier de composition ». Maître de la forme, il dirige l’atelier de reliure.

Ange, encore féminin

Ange encore féminin, 1939

En 1922, Paul Klee remplace Johannes Itten à la tête de l’atelier du travail de l’or, de l’argent et du cuivre. Il échange ce cours à l’automne avec Oskar Schlemmer contre l’atelier de peinture sur verre.

1923 Publication d’un essai de Paul Klee sur les manifestations organisées durant la semaine du Bauhaus
« Wege des Naturstudiums ».

Fleur de la montagne

Fleur de la montagne, 1933

1924 Première exposition Paul Klee aux USA, organisée du 7 janvier au 7 février par Katherine S. Dreier dans les locaux de la Société Anonyme, New York. Sur l’initiative d’Emmy (Galka) Scheyer, fondation le 31 mars du groupe d’artistes « Die Blaue Vier » (les quatre bleus) qui exposent principalement aux USA. Outre Paul Klee, font partie de ce groupe Lyonel Feininger, Wassily Kandinsky et Alexey Jawlensky. Paul et Lily Klee passent les mois de septembre et octobre en Italie, plus précisément en Sicile. Suite à d’importantes pressions politiques, la direction du Bauhaus annonce le 26 décembre la fermeture de l’école de Weimar pour le mois d’avril de l’année suivante.

Danses sous l'empire de la peur

Danse sous l'empire de la peur, 1938

En mars 1925, le Conseil municipal de Dessau décide de reprendre le Bauhaus. En octobre paraît le Pädagogisches Skizzenbuch de Paul Klee, second volume d’une série de publications du Bauhaus dirigées par Walter Gropius et László Moholy-Nagy. Paul Klee résilie le contrat de représentation générale passé avec Hans Goltz et intensifie ses relations d’affaires avec Alfred Flechtheim, propriétaire de deux galeries du même nom à Berlin et Düsseldorf. Du 21 octobre au 11 novembre, Paul Klee expose pour la première fois en France dans la galerie parisienne Vavin-Raspail. Certaines de ses œuvres sont également présentées à la première exposition consacrée au surréalisme à la galerie Pierre de Paris.

Insula dulcamara

Insula dulcamara, 1938

Le 10 juillet 1926, la famille Klee déménage à Dessau où elle loge avec Wassily et Nina Kandinsky dans l’une des trois maisons de deux appartements construites par Gropius pour les professeurs du Bauhaus.

Paul Klee enseigne au Bauhaus à partir d’avril 1927
où il anime le cours « Atelier libre de peinture », appelé aussi
« Classe de peinture libre », et assure à partir d’octobre la formation artistique des tisseuses. A la fin de l’été, il se rend à Porquerolles et en Corse.

Un regard d'Égypte

un regard d'Egypte, 1937

En février 1928, Paul Klee publie dans le magazine bauhaus un article intitulé « Essais précis dans le domaine de l’art ». Hannes Meyer est le nouveau directeur du Bauhaus. Le 17 décembre, Paul Klee part en Egypte pour un voyage de quatre semaines financé par la Société Klee – une association de collectionneurs soutenant Paul Klee et fondée en 1925 par le collectionneur de Braunschweig Otto Ralfs.

Don Chi.

Don Chi,1934

1929 Paul et Lily Klee passent leurs vacances d’été en France et en Espagne. Il entame ensuite les négociations pour une chaire de professeur à l’Académie d’Etat des arts de Düsseldorf. Paul Klee est au sommet de sa gloire et est considéré en Allemagne comme l’un des artistes les plus en vue au niveau international. Le Museum of Modern Art de New York, la Nationalgalerie et la Galerie Alfred Flechtheim de Berlin organisent de grandes expositions pour le 50e anniversaire de Paul Klee.

Pyramide

Pyramide, 1932

Le 1er juillet 1931, Paul Klee prend ses fonctions de professeur à l’Académie de Düsseldorf. Il conserve son appartement de Dessau jusqu’en avril 1933 et loue une chambre à Düsseldorf. Il passe l’été avec sa femme en Sicile.

Sur injonction des nazis, le Conseil municipal de Dessau décide de fermer le Bauhaus en 1932.

Triangles sur la scène

Triangles sur la scène, 1933

Période de création 1933–1940

« Berne. Le pays est balayé par le vent d’ouest. Maux de tête en dessus de l’oeil droit. Le paysage était tout aussi malade mais somptueux. Les forêts d’un pourpre profond. Je me suis allongé sur le sol au Dählhölzli. Ainsi pouvais-je voir les cimes des pins se balancer. Un bruissement, un craquement et les branches qui se frottent les unes aux autres. Musique. Je me suis souvent allongé à Elfenau, me délectant des bouleaux. Leurs troncs argentés et derrière, la forêt profonde du Gurten. Près de la forêt, les champs rasés. »
Berne, janvier 1898 (TB 56) Paul Klee (trdauction).

Esquisse tunisienne

Esquisse tunisienne, 1914

En janvier 1933, les nazis s’emparent du pouvoir dans toute l’Allemagne. Mi-mars, une perquisition est menée dans l’appartement de Paul Klee à Dessau. Le 21 avril, il est mis à pied sans délai de sa chaire de professeur à l’Académie de Düsseldorf ; la lettre officielle de renvoi lui parvient le 1er janvier 1934 invoquant comme motif « La loi de réhabilitation des fonctionnaires professionnels ». Il signe le 24 octobre un contrat de représentation générale avec Daniel-Henry Kahnweiler, propriétaire de la Galerie Simon à Paris. Le 24 décembre, il émigre en Suisse – comme son épouse deux jours plus tôt – et s’installe tout d’abord dans la maison familiale à Berne.

Sans titre (Paysage avec étang)

Paysage avec étang, 1895

En janvier 1934, Paul et Lily Klee emménagent dans un petit appartement, Kollerweg 6. Le 1er juin, ils s’installent dans un trois pièces au Kistlerweg 6. La monographie Paul Klee. Handzeichnungen 1921–1930 réalisée par Will Grohmann paraît en novembre aux éditions de Postdam. En avril de l’année suivante, l’ouvrage est saisi par les nazis.

Vrille

Vrille, 1932

En août 1935, Paul Klee attrape une bronchite qui dégénère en pneumonie. Il tombe à nouveau malade en novembre, maladie diagnostiquée comme une rougeole. La plupart du temps, Paul Klee doit garder le lit.

1936 Pour des raisons de santé, Paul Klee est forcé d’interrompre son travail environ six mois jusqu’en mars ; après mars, il ne réussit toujours pas à vraiment travailler. Avec 25 œuvres réalisées cette année là, sa production atteint son niveau le plus bas.

Petite ville dans les rochers

Petite ville dans les rochers, 1932

1937 L’état de santé de Paul Klee se stabilise et il reprend intensivement son travail. Le 19 juillet, inauguration à Munich de l’exposition « Entartete Kunst ». Légèrement réduite, l’exposition tourne jusqu’en 1941 dans 12 villes allemandes et autrichiennes. 17 œuvres de Klee sont exposées à Munich. Peu après, les nazis confisquent 102 œuvres de Paul Klee issus de collections publiques dont ils revendent la plupart à l’étranger. Le 27 novembre, Pablo Picasso rend visite à Paul Klee. Avec 264 œuvres réalisées en 1937, Paul Klee a pratiquement retrouvé son rythme de production d’avant sa maladie.

Sauteur

Sauteur, 1930

A partir de 1938, le galeriste J. B. Neumann et les deux marchands d’art émigrés d’Allemagne, Karl Nierendorf et Curt Valentin, organisent régulièrement des expositions Klee à New York et dans d’autres villes des USA.

En avril 1939, Georges Braque vient voir Paul Klee deux fois à Berne. Le 24 avril, Paul Klee dépose une demande pour obtenir la naturalisation suisse. Avec 1 253 œuvres répertoriées, dont la plupart sont des dessins, 1939 est l’année la plus productive de toute sa vie.

Le policier devant sa maison

Le policier devant sa maison, 1923

Hans Klee, père de Paul Klee, décède le 12 janvier 1940. En mai, Paul Klee se rend au Tessin (Suisse du sud) pour un séjour en sanatorium. En juin, son état de santé empire brusquement. Il meurt le 29 juin à la clinique Sant' Agnese de Locarno-Muralto des suites d’une sclérodermie, quelques jours avant que la nationalité suisse lui ait été très probablement accordée.

Un Suisse sans passeport.

La naturalisation de Paul Klee compromise par sa mort

L’échec de la naturalisation de Paul Klee est un chapitre sombre pour la ville de Berne. Tout d’abord, la demande d’autorisation d’établissement définitive soumise aux autorités par Paul et Lily Klee en 1933 ne leur fut accordée qu'en 1936 suite à des réserves émises par l'administration. Elle était liée à l’obligation pour le couple de ne faire aucune demande de naturalisation dans les deux années qui suivaient. Lorsque leur avocat Fritz Trüssel déposa cette demande à la première date possible, soit en avril 1939, le dossier prit à nouveau du retard. Leur demande aurait enfin dû être traitée par le Conseil municipal le 5 juillet 1940 ; les autorités responsables y étaient favorables. Mais la décision intervint trop tard : Paul Klee est décédé le 29 juin 1940.

Jeu sur rouge de Saturne

Jeu sur rouge de saturne, 1923

La première période de création 1899–1910


Après avoir passé sa maturité à Berne, Paul Klee part à Munich en octobre 1898 pour entreprendre sa formation artistique. Il poursuivra son journal intime commencé en avril jusqu’en 1918. Pour se préparer à l’Académie des Beaux-Arts de Munich, Paul Klee suit de 1898 à 1900 les cours dans l’atelier particulier de Heinrich Knirr. De 1900 à 1901, il étudie avec Franz von Stuck à l’Académie des Beaux-Arts de Munich pendant un semestre.

Tête de brigand célèbre

Tête de Brigand célèbre, 1921

Après son voyage d’étude de six mois en Italie (octobre 1901 à mai 1902), il se retire dans la maison de ses parents à Berne. C’est dans l’atmosphère calme et bourgeoise d’une ville de province qu’il commence son travail d’autodidacte. Paul Klee procède à une analyse systématique, objective et extrêmement disciplinée de son travail, assimilant toutes les méthodes artistiques qu’il considère comme les bases de son art. Critique acerbe de ses progrès artistiques, il reste notamment très réservé en ce qui concerne son travail avec la peinture à l’huile.

Vue perspective d'une chambre avec habitants

Vue perspective d'une chambre

avec habitants, 1921

Ce n’est qu’en 1903, avec l’initiation de la série de dessins Inventionen, qu’il pense avoir mis en route un groupe d’œuvres importantes. Il achève cette série de 10 dessins en mars 1905 et les intitule « Opus un ». Parallèlement, Paul Klee dessine des études de personnages, pour la plupart inventés, qui présentent souvent des traits caricaturaux. Partant des nus d’Auguste Rodin qui l’avaient marqué à Rome en 1902, il s’approprie une conception plus libre de la ligne dans ses dessins.

Jardin zoologique

Jardin zoologique, 1918

En été 1905, Paul Klee commence à expérimenter le dessin par grattage sur des plaques de verre noircies. Il exploite la résistance de ce support inhabituel pour trouver de nouvelles variantes de son expression esthétique. A partir de ces essais, il développe ensuite la peinture sur verre qu’il pratiquera plus ou moins intensivement jusqu’en 1912.

Réclame

Réclame, 1915

1906 Paul Klee épouse sa fiancée, la pianiste munichoise Lily Stumpf. En 1907, leur unique fils, Felix voit le jour. Paul Klee s’occupe de son fils pendant que sa femme Lily donne des leçons de piano pour subvenir aux besoins de la famille. Il continue sa recherche et, à partir de 1907, s’intéresse de plus en plus au dessin inspiré de la nature. A la recherche d’un style personnel dégagé de toute influence, il dessine d’abord sans prendre la nature comme modèle (1903–1906) puis en se plaçant au milieu de la nature (1907–1910).

Autoportrait juvénile

Autoportrait juvénile, 1910

Durant les 15 premières années de son activité, Paul Klee est d’abord et avant tout dessinateur. Ce n’est qu’après 1914 que le dessin prend une place secondaire dans l’ensemble de son œuvre. Jusqu’en 1910, il perfectionne son style personnel. Vers 1907 il commence à délaisser le dessin à proprement dit et à expérimenter avec de l’aquarelle noire les effets ombre/lumière et la couleur. A partir de 1910, il commence alors à transposer à la couleur ses expérimentations avec la tonalité.

Sans titre (Clown aux larges oreilles)

Clown aux larges oreilles, 1925

1910 est l’année marquant la fin de son œuvre de jeunesse et de la période d’élaboration de son style personnel, un travail réalisé seul à l’abri des regards. En août de cette année là, Paul Klee fait l’objet d’une part, d’une première exposition monographique au Musée des Beaux-Arts de Berne, exposition ensuite itinérante présentée pour la première fois au public à la Kunsthalle de Bâle et à la galerie zum Hohen Haus de Winterthur. D’autre part, c’est le début de son amitié avec Alfred Kubin, une personnalité ayant remarqué le travail de Klee. En décembre 1910, il lui achète son premier dessin, marquant ainsi le début d’une notoriété qui ira peu à peu en croissant et de ses relations avec des artistes de l’avant-garde européenne.

Sans titre (Paysanne maline)

Paysanne maline, 1925

Dans le mouvement du « Blaue Reiter »

et le voyage en Tunisie, 1911–1914

En janvier 1911, Alfred Kubin rend visite à son ami Paul Klee à Munich. En février de la même année, Paul Klee commence à consigner son travail dans un catalogue d’œuvres. Paul Klee fait partie de ces artistes qui prônent l’enfance comme l’idéal de l’activité créatrice. Parmi la quarantaine de ses dessins d’enfance conservés, il en inscrit 18 dans son catalogue d’œuvres, les élevant ainsi au statut d’œuvre d’art.

Mon père

Mon père, 1906

Le catalogue d’œuvres qu’il rédige à la main lui permet d’exercer un contrôle sur sa production artistique qu’il classe et ordonne méthodiquement – à l’instar de son journal intime qu’il rédige avec assiduité pour retracer sa biographie et son évolution artistique depuis 1898. Avec la comptabilisation de ses œuvres, Paul Klee procède à une évaluation de ce qu’il considère comme important dans son évolution artistique jusqu’à cette date. Il poursuivra la mise à jour de ce catalogue jusqu’à la fin de sa vie avec une extrême minutie.

Sans titre (Dernière nature morte)

Dernière nature morte, 1940

En mai 1911, Paul Klee commence les illustrations du roman de Voltaire Candide ou l'optimisme (première édition en 1759). Dans ces dessins, il invente un nouveau type de personnages : son style se situe à la frontière entre fonction représentative et fonction autonome non représentative. Avec le caractère caricatural très prononcé de ses personnages, Paul Klee illustre par des moyens artistiques le message fondamentalement pessimiste du roman de Voltaire avec lequel il s’identifie en outre personnellement. Avec les illustrations du Candide, il réussit à trouver une conception moderniste du dessin propre à lui. La traduction du roman illustré par Paul Klee paraît en 1920 aux éditions Kurt Wolff de Munich.

Sans titre (Esprit de la boîte d'allumettes)

Esprit de la boîte d'allumettes, 1925

Les rencontres que fait Paul Klee en 1911 et 1912 auront une influence décisive sur sa biographie artistique. En 1911, il fait connaissance de August Macke et Wassily Kandinsky, en 1912 il rencontre Robert Delaunay (à Paris), Hans Arp, Franz Marc et Herwarth Walden. Au cours de son second séjour à Paris en avril 1912, Paul Klee se penche très intensivement sur le cubisme. Sa rencontre avec les membres du groupe d’artistes du « Blaue Reiter » renforce son intérêt pour les dessins d’enfants. Paul Klee entretient également d’étroites relations avec l’avant-garde suisse qui s'est rassemblée dans un groupe d’artistes, dont fait parti Hans Arp, dénommé « Der Moderne Bund ».

Sans titre (Personnage féminin manifestant)

Personnage féminin manifestant, 1921

A partir de 1911, Paul Klee participe régulièrement à des expositions de groupes : en 1911 à la galerie Thannhauser de Munich, en 1912 à la 2e exposition de la rédaction du « Blaue Reiter » également à Munich, à l’exposition internationale du « Sonderbund » à Cologne, à l’exposition commune du
« Moderne Bund » à Zurich et à la galerie Goltz de Munich. En participant en 1913 à l’exposition du Sonderbund de Cologne et au « Premier salon allemand d’automne » à la galerie munichoise « Der Sturm », Paul Klee est donc représenté dans les deux plus grandes et plus importantes rétrospectives sur l’art contemporain organisées en Allemagne avant la Première Guerre mondiale. En peu de temps, Paul Klee est devenu un membre reconnu du groupe d’artistes avant-gardistes en Allemagne, un groupe certes restreint mais de plus en plus présent sur la scène publique.

Sans titre (Madame la Mort)

Madame la mort, 1921

La confiance en soi qu’a acquis Paul Klee s’illustre dans son activité temporaire de critique d’art et de manifestations culturelles. A partir de novembre 1911 et pendant un an, il  publie régulièrement des critiques d’expositions pour le mensuel suisse Die Alpen, publié par son ami Hans Bloesch à Berne. Dans ses articles rédigés à Munich, il se présente résolument comme un médiateur et un défenseur du nouvel art
« expressionniste ».

Sans titre (Barbier de Bagdad)

Barbier de Bagdad, 1921

1913/1914 sont les années où Paul Klee se consacre de façon décisive à la couleur en expérimentant avec l’aquarelle. Cette phase créative très productive connaît son apogée au printemps 1914 lors d’un voyage de 15 jours en Tunisie que Paul Klee qualifie dans son journal d’« explosion de la couleur ». Les premiers travaux réalisés au cours du voyage en Tunisie, huit aquarelles, sont exposés en été 1914 à la première exposition de la « Neue Münchner Sezession ».

Moi-même

Moi-même, 1899

La déclaration de la Première Guerre mondiale le 1er août interrompt l’ascension des artistes avant-gardistes allemands – dont fait partie Paul Klee, et les relations qu’ils entretiennent entre eux.

Première Guerre mondiale et après-guerre :

l’arrivée du succès pour Paul Klee, 1914–1920

Contrairement à de nombreux artistes et intellectuels allemands, Paul Klee ne partage pas l’enthousiasme général pour la guerre. Toutefois, la déclaration de la guerre ne l’empêche pas de beaucoup peindre, bien au contraire : en tant qu’artiste, ainsi qu’il le relate dans son journal et dans sa correspondance avec Franz Marc, son détachement du monde, voulu et progressif, est en relation directe avec l’horreur et l’absurdité de la guerre. Grâce notamment à son voyage en Tunisie, 1914 et 1915 font partie des années les plus productives de cette période de création. Pour ces deux premières années de guerre, Paul Klee consigne dans son catalogue pas moins de 475 œuvres.

Orpheia travestie

Orpheia travestie, 1940

En 1915, Paul Klee rencontre l’écrivain Rainer Maria Rilke à Munich avec qui il entretiendra une relation amicale dans les années qui suivent. Paul Klee et sa famille passent l’été comme toujours à Berne et dans l’Oberland bernois. A leur retour à Munich, ils passent à Goldach sur les rives du lac de Constance rendre visite à Wassily Kandinsky qui, de nationalité russe, a dû fuir l’Allemagne après le début de la guerre.

Bonne entrée en scène

Bonne entrée en scène, 1939

Au niveau artistique, Paul Klee s’intéresse en 1914 et 1915 à une structure esthétique réduite qu’il qualifie d’abstraction
« cristalline ».

Le 11 mars 1916, quelques jours après la mort de Franz Marc sur le front, Paul Klee intègre les rangs de l’armée allemande à la réserve de recrues de Landshut près de Munich. En août, il passe de l’infanterie à la compagnie d’aviateurs réservistes à Schleissheim. Sa mutation à la « Königlich bayerische Fliegerschule V» de Gersthofen en janvier 1917 lui épargne de participer aux combats sur le front. A Gersthofen, une fois son service assuré, il peut peindre régulièrement dans une chambre louée à cet effet.

Il pleure

Il pleure,1939

Paul Klee commence à vendre ses toiles durant la guerre. Si l’exposition à la galerie berlinoise « Der Sturm » de mars 1916 avait été un succès, celle de février 1917 dans la même galerie lui permet de vendre plus de toiles que toutes les années précédentes. Mais sa reconnaissance par l’opinion publique est un élément plus important encore : dans différents entretiens, Paul Klee est célébré comme La découverte de l’époque, notamment par l’écrivain Theodor Däubler. Ce succès donne l’idée à l’historien de l’art Wilhelm Hausenstein d’écrire une monographie sur Klee avant la fin de la guerre, ouvrage qu’il ne pourra finalement réaliser qu’en 1921.

Jeune fille affamée

Jeune fille affamée, 1939

Avec la fin de la guerre, Paul Klee abandonne la rédaction de ses journaux commencés en 1898. Il retravaille et revoie ses écrits jusqu’au début des années 20.

Durant la guerre, Paul Klee commence à s’intéresser de plus en plus aux problèmes théoriques de la représentation graphique. Il écrit son premier essai de théorie de l’art en 1918/1919. Celui-ci paraît en 1920 dans une série de cahiers intitulée Schöpferische Konfession (éditée par Kasimir Edschmid).

Ange oublieux

Ange oublieux, 1939

Après sa libération des obligations militaires fin 1918 et sa démobilisation définitive en février 1919, Paul Klee loue un atelier dans le petit château de Suresnes à Munich. Il s’y consacre tout d’abord intensivement et pour la première fois à la peinture à l’huile. C’est à cette époque que voient le jour des œuvres telles que Komposition mit Fenstern, 1919, 156 (Composition aux fenêtres) dans lesquelles il relie tonalité et couleur, commence à décomposer l’orthogonalité du tableau et à introduire dans sa composition l’étoile, l’arbre, la flèche et les lettres.

Numéro d'équitation

Numéro d'équitation, 1939

Au niveau politique et culturel, Paul Klee s’engage au printemps 1919 pour la République bavaroise des Conseils. Après son effondrement, il fuit le régime militaire et se réfugie en Suisse au mois de juin. C’est ici qu’il rencontre Hans Arp et Tristan Tzara ainsi que d’autres représentants du mouvement dada de Zurich.

Les efforts déployés par Oskar Schlemmer et Willi Baumeister pour faire nommer Paul Klee professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Stuttgart échouent définitivement à l’automne 1919. le 1er octobre 1919, Paul Klee signe un contrat de représentation générale avec le marchand d’art munichois Hans Goltz. 1919 est la meilleure année qu’ait connu Paul Klee jusque là en terme de vente.

Ogre

Ogre, 1939

En 1920, âgé de 40 ans, il obtient enfin la reconnaissance publique : en mai, sa plus grande exposition jusque là présentant 363 de ses œuvres est inaugurée à la « Galerie Neue Kunst Hans Golz » de Munich. Paul Klee participe activement à la publication des deux biographies lui étant consacrées, écrites par Hans von Wedderkop et Leopold Zahn. Et en octobre, il est appelé au Bauhaus de Weimar par Walter Gropius.


Au Bauhaus de Weimar 1921–1924


Paul Klee entre en fonction au Bauhaus de Weimar le 10 janvier 1921 où il rencontre un groupe d’artistes contemporains importants. Avant son déménagement définitif, il se rend à Weimar tous les quinze jours pour plus de deux semaines.

Ange, encore féminin

Ange encore féminin, 1939

Son enseignement se divise en un cours théorique sur la forme et la composition le matin et des exercices pratiques l’après-midi. À cette époque, la formation artistique proposée au Bauhaus vise une parfaite assimilation des lois de la forme. En sa qualité de maître de la forme, Paul Klee reprend les ateliers de reliure mi-avril. En 1922/23, il dirige l’atelier de peinture sur verre.

Durant ses années d’enseignement au Bauhaus, Paul Klee s’emploie à approfondir et étayer ses expériences et à élaborer méthodiquement, respectivement scientifiquement, les fondements de ses principes artistiques. La quasi-totalité de ses supports de cours a pu être conservée, notamment les Beiträge zur bildnerischen Formlehre du cours de Paul Klee au Bauhaus de 1921/1922. En parallèle, il travaille intensivement à ses tableaux.

En 1919, Paul Klee met au point un procédé de calque qui lui permet de copier ses dessins au crayon, à l’encre et à l’encre de Chine pour pouvoir les traiter sur plusieurs feuilles (alliant l’aquarelle à la peinture à l’huile). Durant les premières années de résidence à Weimar (1921 – 1923), il expérimente très intensivement ce procédé de calque. Des tableaux tels que Fesselung, 1920, 168 (Dans les liens) ou Lied des Spottvogels, 1924, 66 (Chant de l'oiseau moqueur) montrent concrètement les possibilités qu’offre cette nouvelle technique.

Durant cette période, Paul Klee continue à développer sa technique de l’aquarelle. En superposant systématiquement les couches de couleurs, il obtient une palette de nuances de couleurs et de tons extrêmement riche.

Au Bauhaus, Paul Klee travaille de manière concentrée sur les constructions élémentaires du tableau, idées lancées à l’origine par Piet Mondrian et Theo van Doesburg. Pour lui, la réduction maximale de la représentation est une possible qu’il explore sans la considérer pour autant comme un principe fixe et immuable.

Les suites de la crise économique, en particulier l’inflation galopante qui s’en suivit, font perdre à Paul Klee l’argent qu’il avait pu gagner avec la vente de ses œuvres. La monographie de Wilhelm Hausensteins Kairuan oder eine Geschichte vom Maler Klee und von der Kunst dieses Zeitalters paraît en 1921. Cet ouvrage contribue pour une part essentielle à mieux faire comprendre le travail de Paul Klee.

En été 1922, Wassily Kandinsky est nommé professeur au Bauhaus. Un an plus tard, en été 1923, paraît dans le catalogue Erste Bauhaus-Ausstellung à Weimar l’article de Paul Klee
« Wege des Naturstudiums ». A l’occasion de l’exposition, il crée deux cartes postales d’invitation qui représentent la polarité du programme du Bauhaus : d’une part le côté
« subliminal » noble, d’autre part le côté « enjoué » et ludique.

Le 26 janvier 1924, au cours de l’exposition au Kunstverein Jena, Paul Klee tient sa conférence « Über moderne Kunst » dont le texte sera publié après sa mort. En janvier/février de la même année, Paul Klee est exposé pour la première fois seul aux USA à la Société Anonyme de New York. Au printemps 1924, la médiatrice d’art, Emmy (Galka) Scheyer fonde avec Lyonel Feininger, Alexej Jawlensky, Wassily Kandinsky et Paul Klee, le groupe « The Blue Four » (Die Blauen Vier) dont l’objectif est de faire connaître l’œuvre de ces peintres aux Etats-Unis.

Dès 1923, le Bauhaus subit de plus en plus de pressions politiques de la part des partis de droite, pressions qui entraîneront finalement la fermeture du Bauhaus de Weimar le 26 décembre.


Au Bauhaus de Dessau 1925–1931

1925 est l’année où Paul Klee aura d’importantes décisions à prendre, année aussi de son succès à l'étranger :

En mars, le conseil municipal de Dessau décide de reprendre le Bauhaus fermé depuis peu à Weimar. Après de longues hésitations, Paul Klee décide finalement de reconduire ses activités d’enseignant au Bauhaus mais ne déménage à Dessau qu’en 1926 où il vivra avec sa famille et Wassily et Nina Kandinsky dans l’une des trois maisons de deux appartements construites par Gropius pour les professeurs du Bauhaus. En outre, Klee et Kandinsky dirigent ensemble une classe de peinture à Dessau.

En juillet, le commerçant et collectionneur Otto Ralfs issu de Braunschweig fonde la Société Klee qui, en rachetant les tableaux de l’artiste lui assurera un revenu mensuel supplémentaire jusqu'à la fin des années 30.

D’un commun accord, Paul Klee résilie son contrat de représentation générale avec Hans Goltz en automne. Ceci lui permet de diriger de manière autonome – comme dans les années avant 1919 à Munich – les affaires liées aux expositions et à la vente de ses œuvres tout en collaborant avec plusieurs marchands d’art. Paul Klee intensifie donc ses relations d’affaires avec Alfred Flechtheim, propriétaire de deux galeries du même nom à Berlin et Düsseldorf. Jusqu’en 1933,
A. Flechtheim sera son intermédiaire clé au niveau international.

En automne 1925 paraît également Das Pädagogische Skizzenbuch de Paul Klee, second volume d’une série de publications du Bauhaus dans lequel est présentée une version courte de ses cours de premier semestre. En octobre, la galerie parisienne Vavin-Raspail inaugure sa première exposition monographique en France ; et en novembre, les surréalistes exposent deux de ses œuvres dans leur première exposition commune à la galerie Pierre de Paris. Les surréalistes, en particulier René Crevel, Paul Eluard, Louis Aragon et Max Ernst, sont à cette époque de grands admirateurs de Paul Klee depuis plusieurs années.

Parallèlement à son activité d’enseignant au Bauhaus, Paul Klee poursuit avec assiduité son travail de peintre. Durant les vacances semestrielles, il entreprend des voyages prolongés en Italie (1926, 1930), à Porquerolles et en Corse (1927), en Bretagne (1928) et dans le pays basque (1929). Grâce au soutien financier de la Société Klee, il peut se rendre en Egypte en décembre 1928 et janvier 1929.

En 1928 paraît l’essai de Paul Klee « Essais exacts dans le domaine de l’art » dans le magazine bauhaus. Sous l’influence du nouveau directeur Hannes Meyer, le Bauhaus s’oriente définitivement vers le constructivisme fonctionnel. Mais en dépit de l’influence qu’exerce cette orientation sur son travail, Paul Klee est de moins en moins satisfait de ses activités au Bauhaus. à partir de 1928, les désaccords politiques que suscite le Bauhaus ainsi que les divergences au sein même de l’établissement aidant, Paul Klee commence à réfléchir à l’éventualité de se retirer de ses fonctions. Sa chaire à Dessau est devenue une contrainte dont il hésite pourtant à se libérer pour des motifs d’ordre économique.

En 1929 il contacte l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf. A cette période, les exposition et publications importantes sur Klee se multiplient en Allemagne comme à l’étranger : fin 1929, la galerie Alfred Flechtheim à Berlin et début 1930 la galerie Neue Kunst Fides de Dresden organisent chacune pour son 50e anniversaire une rétrospective de l’œuvre de Paul Klee. Christian Zervos publie dans ses « Cahiers d'art » à Paris une monographie dont la préface a été rédigée par Will Grohmann ;  en 1930, une seconde monographie sur Paul Klee est publiée en français par René Crevel. Cette année là, des expositions sont organisées au Museum of Modern Art de New York, dans les galeries Flechtheim de Berlin et Düsseldorf et à la Nationalgalerie de Berlin (collection Otto Ralfs) puis en 1931 à la Société Kestner de Hannovre, au Düsseldorfer Kunstverein et à la galerie Flechtheim de Berlin. Durant ces deux années, Paul Klee est au sommet de sa gloire et considéré en Allemagne comme l’un des artistes les plus en vue au niveau international.

Paul Klee résilie son contrat avec le Bauhaus au 1er avril 1931 et accepte sa nomination à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf. Dans la presse, sa nomination à Düsseldorf fait l’objet de commentaires controversés.

Professeur à l’Académie

des Beaux-Arts de Düsseldorf 1931–1933


Paul Klee prend ses fonctions de professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf en octobre 1931 avec une petite classe de quatre élèves à qui il enseigne la technique picturale. Il loue une chambre dans la ville mais garde son domicile à Dessau jusqu’en mars 1933. Dans les deux villes il dispose d’un atelier dans lesquels il travaille à des styles différents. A Düsseldorf, il approfondit sérieusement la technique du pointillisme.

Depuis quelques années déjà, se dessine une évolution économique et politique inquiétante qui mènera finalement l’Allemagne à la dictature national-socialiste. Le crash boursier de New York en 1929 déclenche une crise économique sans précédent – allant de pair avec l’aggravation de la crise politique – dont Paul Klee fera également les frais au début des années 30. En 1932, la crise économique et le taux de chômage en Allemagne sont à leur comble. Adolf Hitler est nommé Chancelier du Reich le 30 janvier 1933. Dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir, les nazis partent en croisade contre l’art moderne. Les nouveaux détenteurs du pouvoir commencent à court-circuiter le commerce de l’art moderne et forcent de nombreux artistes et marchands d’art à émigrer.

En mars, les nazis perquisitionnent l’appartement de Paul Klee à Dessau à la suite de quoi Paul Klee part se réfugier provisoirement en suisse. Le 21 avril, avant même d’avoir eu le temps de déménager à Düsseldorf, il est mis à pied de ses fonctions de professeur « avec effet immédiat ». il est définitivement licencié pour la fin de l’année en automne. Comte tenu de l’aggravation de la situation économique et politique, Paul Klee tente de nouer de nouveaux contacts avec les marchands d’art. Il signe un contrat de représentation générale avec Daniel-Henry Kahnweiler, propriétaire de la galerie Simon. Ce contrat a pu être signé grâce à la recommandation du collectionneur bernois Hermann Rupf, l’un des tout premiers collectionneurs à avoir acheté des œuvres de Paul Klee à partir de 1910.

A son retour en Allemagne, Paul Klee sous-estime réellement le danger que représente le nouveau régime allemand. Ce n’est que sur injonction de sa femme qu’il finit par émigrer en Suisse le 23 décembre 1933. Pour échapper à la tourmente politique et à la menace qui pèse sur sa propre existence, Paul Klee se lance dans un travail considérable : 1933 est l’année la plus productive de l’artiste jusqu’alors. Dans son catalogue d’œuvres il consigne pas moins de 482 œuvres dont 314 dessins. Dans divers tableaux de cette époque, il prend position par rapport à la politique des nazis.

Dans la presse allemande, Paul Klee est l’un des représentants les plus attaqués de ce que les nazis nomme
« l’art décadent ». En 1933, les nazis mettent au pilori les œuvres de Paul Klee dans trois « expositions de la honte » à Mannheim, Chemnitz et Dresden.

vers le haut

L’émigration à Berne 1934–1936

Le retour de Paul Klee à Berne, ou plutôt son émigration forcée assimilable à un exil, est l’une des périodes les plus douloureuses de sa biographie. Artiste alors reconnu dans le monde entier, il se retrouve brusquement isolé et s’enferme progressivement dans une solitude mentale. Ses relations se réduisent à un petit cercle d’amateurs d’art, de collectionneurs et d’amis. Après plusieurs mois d’interruption de son travail, Paul Klee recommence à peindre à partir du printemps 1934, réalisant aussi des œuvres grand format telles que son tableau Ruhende Sphinx, 1934, 210 (Sphinx  au repos).

Cependant, les années 1934 à 1936 annoncent les prémisses d’une crise artistique qui se manifeste notamment par un net recul de sa production.

Par l’intermédiaire du marchand d’art Alfred Flechtheim émigré à Londres, la première exposition Klee de Grande-Bretagne est organisée au printemps 1934 à la Major Gallery de Londres. En juin, Kahnweiler présente sa première exposition monographique de Klee à la galerie Simon de Paris. En automne de la même année paraît en Allemagne le catalogue d’œuvres Paul Klee, Handzeichnungen 1921–1930, remanié par Will Grohmann. Après la saisie de l’ouvrage par les nazis en avril 1935, toute autre publication sur Paul Klee en Allemagne est un projet voué à l’échec.

Nouvelle harmonie

Toutefois, avant cet échec, la Kunsthalle de Berne réussit à organiser en février et mars 1935 une grande exposition présentant une rétrospective de l'œuvre de Paul Klee des années 1919 à 1934. Dans la presse suisse et européenne, les réactions à cette exposition, qui sera présentée à la Kunsthalle de Bâle durant l’automne 1935 sous une forme différente, ne sont pas franchement positives. Les ventes au cours de ces deux expositions sont quasi nulles. Les répercutions de la crise économique sur le marché de l’art se ressentent fortement en Europe comme aux USA. Jusqu’à fin 1937, Paul Klee ne vend pratiquement rien en France ni en Grande-Bretagne et aux USA, ses débouchés les plus prometteurs. En revanche, il est représenté en 1936 au Museum of Modern Art de New York avec d’importants groupes d’œuvres dans les deux expositions rétrospectives sur la peinture d’avant-garde des dix dernières années intitulées Cubism and Abstract Art et Fantastic Art, Dada, Surrealism.

La mort et le feu

Paul Klee tombe gravement malade à l’automne 1935. Sa maladie, diagnostiquée après sa mort comme une sclérodermie progressive incurable, paralyse complètement son travail artistique jusqu’au printemps 1936. Il part cette année là à deux reprises dans les Alpes suisses pour effectuer de longs séjours en sanatorium. Mais alors que l’évolution de la maladie se ralentit légèrement, son état de santé reste très instable. La production artistique de Paul Klee atteint en 1936 son niveau le plus bas avec seulement 25 œuvres.

Jardins de Saint Germain

Les dernières années de création 1937–1940

Au cours de l’année 1937, l’état de santé de Paul Klee se stabilise. Fin février, il peut reprendre son travail. C’est le début de sa dernière et plus intense période de production durant laquelle, malgré son affaiblissement dû à la maladie, il est plus créatif que jamais : en 1937 il réalise 264 œuvres, en 1938, pas moins de 489, en 1939 1 253 tableaux et durant les quelques mois avant sa mort en 1940, 366. Paul Klee découvre un style de dessin composé d’éléments formels linéaires qui irritent nombre d’adeptes de son art jusqu’après sa mort.

Adam et petite Eve

En juillet 1937, les nazis inaugurent une exposition itinérante à Munich intitulée Art décadent. Accompagnées de commentaires diffamatoires, 15 œuvres de Paul Klee sont notamment accrochées au pilori et dénigrées comme « l’art d’un psychopathe ». Jusqu’en automne 1937, la confiscation massive d’œuvres « d’art décadent » permet aux nazis de saisir dans les musées allemands 102 œuvres de Paul Klee dont ils revendront la plupart à l’étranger contre des devises. C’est ainsi que dans les années qui suivent, des œuvres majeures de Paul Klee réalisées avant 1933 et exposées jusque là dans un musée allemand, se retrouveront à l’étranger, principalement dans des collections américaines. Paul Klee tente d’ignorer ces mauvaises nouvelles et de se concentrer de manière plus intensive encore sur son œuvre.

Femme en pleurs

En septembre et octobre 1937, il part avec sa femme Lily pour une cure à Ascona, où il travaille sans relâche. Ils y rencontrent de nombreux amis et connaissances dont font partie Louis Moilliet et Marianne von Werefkin. Dans les années qui suivent, Paul Klee se rendra à plusieurs reprises en sanatorium pour une période prolongée afin d’améliorer son état de santé. Bien qu’il soit obligé de vivre reclus dans son appartement de Berne à cause de sa maladie, il rencontrera au cours des dernières années de sa vie des artistes importants : en 1937, Kandinsky lui rendra une dernière visite à Berne, suivi de Pablo Picasso. Il fait aussi la connaissance de Georges Braque en 1939.

Pleine lune sur Saint Germain

Au printemps 1938, Kahnweiler présente sa seconde exposition Klee composée exclusivement d’œuvres réalisées dans sa dernière période de création. A partir de 1938, le galeriste J. B. Neumann et les deux marchands d’art allemands émigrés aux Etats-Unis, Karl Nierendorf et Curt Valentin, présentent régulièrement des expositions Klee à New York et dans d’autres villes américaines. Avec de plus en plus de succès, ils s’engagent pour faire connaître l’œuvre de Paul Klee aux USA.

Klee Paul - Red Bridge

Pont rouge

Après la déclaration de la Seconde Guerre mondiale le 1er septembre 1939 et la mobilisation de l’armée suisse, Paul et Lily Klee vivent plus reclus que jamais. Paul Klee se consacre exclusivement à son travail artistique. Vu le nombre d’œuvres répertoriées, 1939 est l’année la plus productive de toute sa vie. Paul Klee travaille à une importante série de dessins dont font partie les anges, représentants de tout l’éventail de ses vastes et subtils modes d’expression artistique.

La gouvernante

La gouvernante, 1924

A l’occasion de son 60e anniversaire, la Kunsthaus de Zurich présente en février 1940 une grande exposition d’œuvres des années 1935 à 1940, unique présentation de ses œuvres tardives conçue par Paul Klee en personne. La maladie ne lui permet de se rendre à l’exposition que quelques jours avant sa fermeture. Suite à cette dernière exposition organisée du vivant de Paul Klee, une polémique enflammée éclate dans la presse suisse, remettant en question l’art ainsi que l’état de santé physique et morale de Paul Klee.

Paul Klee poursuit son travail jusqu’au 10 mai, conscient que le temps lui est compté. Le nombre de 366 œuvres consignées dans son catalogue d’œuvres pour 1940, année bissextile, peut être interprété comme un nombre symbolique, une interprétation littérale de sa devise « nulla dies sine linea » (pas un jour sans un trait/dessin).

Églises

Eglise, 1940

Une nature morte que Paul Klee n’a pas eu le temps d’enregistrer dans son catalogue et que son fils Felix appelait Das letzte Stilleben (La dernière nature morte) compte parmi les œuvres les plus marquantes de l’année de sa mort. Paul Klee décède le 29 juin 1940 des suites de la sclérodermie durant un séjour au sanatorium de Locarno-Muralto. La Kunsthalle de Berne et Gurt Valentin à New York organisent cette année là une exposition en sa mémoire.

Sainte, dans un vitrail

Sainte dans un vitrail, 1940

La collection

Paul Klee est l’un des artistes les plus importants de la première moitié du 20e siècle. Son œuvre artistique comprend près de 10 000 créations. D’importants groupes artistiques ont vu le jour à Berne et dans la région et de nombreuses œuvres de Paul Klee sont restées ici – chez ses descendants, à la Paul-Klee-Stiftung (Fondation Paul Klee, 1947–2004) ou chez les collectionneurs. Le Zentrum Paul Klee a pu en rassembler une bonne partie afin de les rendre accessibles au grand public.

Avec 4 000 œuvres réunies, le Zentrum Paul Klee possède la plus impressionnante collection au monde de tableaux, aquarelle et dessins de Paul Klee mais aussi de textes biographiques et archives photographiques.

Sans titre (Paysage alpin à la charrette)

Sans titre (paysage alpin à la charrette), 1932

Le caractère particulier de la collection est dû à la présence d’objets personnels tels que les marionnettes que Paul Klee confectionna pour son fils Felix ou les supports de cours utilisés au Bauhaus qui permettent une intrusion dans l’atelier de l’artiste.

La collection de végétaux et minéraux de Paul Klee (plantes séchées, coquillages, coquilles d’escargots, pierres, minéraux) et ses manuscrits permettent d’établir une passerelle entre la collection des œuvres de l’artiste et l’histoire de sa vie. Les œuvres offertes à Paul Klee par ses amis artistes tels que Wassily Kandinsky, Franz Marc ou Alexej von Jawlensky, replacent la collection Klee dans le contexte artistique de l’époque.

Sans titre (Pleine lune dans la montagne)

Sans titre (pleine lune dans la montagne), 1939

La pensée artistique de Paul Klee prend intensivement appui sur le langage, le théâtre et la musique. Elle traite aussi avec l’architecture, la technique, l’histoire et la genèse, incluant au passage les sciences naturelles, la philosophie et la psychologie. Les conclusions qu’il tire dans ses écrits théoriques et pédagogiques se retrouvent dans son œuvre artistique.

Pour la collection, le Zentrum Paul Klee dispose au rez-de-chaussée de la colline médiane d’une surface d’exposition de 1 750 mètres carrés.

mus

centre Paul KLEE, Berne

3473288265

Publicité
Commentaires
M
Merci.<br /> Votre présentation de Klee m'a beaucoup aidée.<br /> Je suis étudiante en arts plastiques par correspondance.<br /> Bonne continuation.
M
Très intéressant comme présentation de l'oeuvre de Klee! Encore Brova!
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité